1
Des murs non crépis,
un sol caillouteux,
des os si frêles, qui ne peuvent tenir debout,
et mes os à moi serrés entre les deux.
Je pense faire une petite mannfestation,
une protestation contre les anges qui nous ont interdit
le calcium à nous nécessaire.
Et Dieu au-dessus de la fosse qui ètend sur nous son ombre,
nous laisse tarder dans le sommeil,
une tache de lumièr tombe d’entre ses mains,
entrée d’un corps sombre,
la tache sèche,
nous faisons connaissance avec le nouveau camarade
d’un coeur cordial,
il nous offre des cigarettes
avec extrême génèrositè,
nous aimons sa voix quand il chuchote d’entrée:
mais que se passe-t- il ici au de l’enfer?
2
Pas de fesses ici,
ni de sang,
alors comment se figurer une femme?
Se masturber de façon satisfaisante?
Même les larmes tombées de nos yeux
ont séché ici,
seul demeure un calme mortel,
des serpents nous martyrisent de leur image
et nous ne disons mot.
La terre est grande vraiment,
ceci ne nous aide en aucun cas
à bien respirer.
3
J’ai craché en l’air, mon crachat s’est collé au plafond de la tombe.
Chez les cadavers voisins j’ai décelé des regards affectueux,
explosion de boyaux comme un grand rire;
les restes d’aliments ont fait mille asticots
qui ont absorbé notre sang
mais nos os tiennent bon.
Ma bien-aimée est repartie avec le cortège de un tombe,
mais qu’est-ce que je vais faire vraiment de ses larmes?
Vont-elles modérer ma phobie des pièces fermées?
Les injections calmantes seront- elles indiquées
pour diminuer la fièvre?
La nuit s’est abattue sur nous comme une poule
Et nous ne serons que des morts
Bons à bavarder,
à pisser le soir.
4
Les cris que nous avons poussés avant l’aube,
personne ne les a entendus
Dehors les aboiements des chiens
nous incitent à la tendresse.
Nous rampons pour nous toucher os à os
Nous nous aimons mieux
Chacun raconte son enfance noire,
nous faisons échange de rires,
nous ne possédons pas d’horloge murale,
pour nous dire quand viendra l’Heure.
5
Ma mère
s’il te plaît
quand tu apprendras que je suis rentré dans ma nouvelle maison
ne pleure pas;
je veux conserver tes yeux pour les jours à venir.
reste tranquille
secoue trois fois la tête,
mande un baiser d’air
je ferai bombance ici avec mes amis
eux me félicitant pour ma maison neuve,
je vais laisser la porte entrebâillée,
attendre ton baiser.
Quand tu auras une maison neuve comme moi,
s’il te plaît qu’elle soit tout près
que je t’entende respirer,
que je respire à peu près sans douleur
que ma mort ait cette forme définitive
pour laquelle je me suis donné du mal.
6
Dans la chambre voisine,
seulement séparée par un rideau de toile,
les femmes s’étirent ayant retiré leur linceul,
elles sont restées très blanches.
Nous pûmes après essais infructueux percer un trou
dans la paroi.
Nos os se sont soudain dressés
à la vue de la première femme qui ôtait ses vêtements,
les rangeait dans un coin de la pièce.
Cette nuit-là,
nous avons essayé de déchirer le rideau,
mais il était de plus en plus résistant,
nous nous sommes contentés de lorgner les os blancs,
maintenant encore loin de nous.
7
La porte de la chambre est ouverte.
La familia dehors dort tout à fait.
Des pas martiaux au-dessus de nos têtes,
ils vont détruire nos maisons, construire une voie express.
Nous allons pleurer pour nos amis,
mettre les livres sous l’oreiller,
sourire à des souvenirs futiles,
à la tendresse qui sèche peu à peu.
8
Fermez bien à double tour,
Jetez les clés au fond des fosses.
Pourquoi nous laisser en bordure des villes?
Nous devons être ensemble
Quand tombent les pluies,
Et chanter sous la pluie
Nous pouvons discuter des carrioles
Qui nous ont emportés sur des longues routes; revenues vides.
Mais les larmes en elles accumulées
Ont suffit à nous tremper jusqu’aux os
Et nous n’avons pas trouvé d’allumettes pour nous chauffer.
Lorsque l’un de nous s’est glissé pour en voler
Nous avons allumé la tombe,
La moitié des tombes du monde se sont allumées trois jours,
Ensuite le fossoyeur a vomi
Nous avons défilé en rang serré
En chantant en coeur les moustiques qui
dorment dans nos oreilles,
Notre allure qui séduit les adolescentes,
Nos masturbations répétées,
Dans la grosse barrique au nom de vie.
Traduit par Catherine Farhi et Jean-Charles Depaule.