L’utopie des tombeaux

Utopia mormintelor
أبريل 20, 2018
Le livre
أبريل 20, 2018

1

Des murs non crépis,

un sol caillouteux,

des os si frêles, qui ne peuvent  tenir debout,

et mes os à moi serrés entre les deux.

Je pense faire une petite mannfestation,

une protestation contre les anges qui nous ont interdit

le calcium à nous nécessaire.

Et Dieu au-dessus de la fosse qui ètend sur nous son ombre,

nous laisse tarder dans le sommeil,

une tache de lumièr tombe d’entre ses mains,

entrée d’un corps sombre,

la tache sèche,

nous faisons connaissance avec le nouveau  camarade

d’un coeur cordial,

il nous offre des cigarettes

avec extrême  génèrositè,

nous aimons sa voix quand il chuchote d’entrée:

mais que se passe-t- il ici au de l’enfer?

2

Pas de fesses ici,

ni de sang,

alors comment se figurer une femme?

Se masturber de façon satisfaisante?

Même les larmes tombées de nos yeux

ont séché ici,

seul demeure un calme mortel,

des serpents nous martyrisent de leur image

et nous ne disons mot.

La terre est grande vraiment,

ceci ne nous aide en aucun cas

à bien respirer.

3

J’ai craché en l’air, mon crachat  s’est collé au plafond de la tombe.

Chez les cadavers  voisins j’ai décelé des regards affectueux,

explosion de boyaux comme un grand rire;

les restes d’aliments ont fait mille asticots

qui ont absorbé notre sang

mais nos os tiennent bon.

Ma bien-aimée est repartie avec le cortège de un tombe,

mais qu’est-ce que je vais faire vraiment de ses larmes?

Vont-elles modérer ma phobie des pièces fermées?

Les injections calmantes seront- elles indiquées

pour diminuer la fièvre?

La nuit s’est abattue sur nous comme une poule

Et nous ne serons que des morts

Bons à bavarder,

à pisser le soir.

4

Les cris que nous avons poussés avant  l’aube,

personne ne les a entendus

Dehors les aboiements des chiens

nous incitent à la tendresse.

Nous rampons pour nous toucher os à os

Nous nous aimons mieux

Chacun raconte son enfance noire,

nous faisons échange de rires,

nous ne possédons pas d’horloge murale,

pour nous dire quand viendra  l’Heure.

5

Ma mère

s’il te plaît

quand tu apprendras que je suis rentré dans ma nouvelle maison

ne pleure pas;

je veux  conserver  tes yeux pour les jours à venir.

reste tranquille

secoue trois fois la tête,

mande un baiser d’air

je ferai bombance ici avec mes amis

eux me félicitant pour ma maison neuve,

je vais laisser la porte entrebâillée,

attendre ton baiser.

Quand tu auras une maison neuve comme moi,

s’il te plaît qu’elle soit tout près

que je t’entende respirer,

que je respire à peu près sans douleur

que ma mort ait cette forme définitive

pour laquelle je me suis donné du mal.

6

Dans la chambre  voisine,

seulement séparée par un rideau de toile,

les femmes s’étirent ayant retiré leur linceul,

elles sont restées très blanches.

Nous pûmes après essais infructueux  percer un trou

dans la paroi.

Nos os se sont soudain dressés

à la vue de la première femme qui ôtait ses vêtements,

les rangeait dans un coin de la pièce.

Cette nuit-là,

nous avons essayé de déchirer le rideau,

mais il était de plus en plus résistant,

nous nous sommes contentés de lorgner les os blancs,

maintenant encore loin de nous.

7

La porte de la chambre est ouverte.

La familia dehors dort tout à fait.

Des pas martiaux  au-dessus de nos têtes,

ils vont détruire nos maisons, construire une voie express.

Nous allons pleurer pour nos amis,

mettre les livres sous l’oreiller,

sourire à des souvenirs futiles,

à la tendresse qui sèche peu à peu.

8

Fermez bien à double tour,

Jetez les clés au fond des fosses.

Pourquoi nous laisser en bordure des villes?

Nous devons être ensemble

Quand tombent les pluies,

Et chanter sous la pluie

Nous pouvons discuter des carrioles

Qui nous ont emportés sur des longues routes; revenues vides.

Mais les larmes en elles accumulées

Ont suffit à nous tremper  jusqu’aux os

Et nous n’avons pas trouvé  d’allumettes pour nous chauffer.

Lorsque l’un de nous s’est glissé pour en voler

Nous avons allumé la tombe,

La moitié des tombes du monde se sont allumées trois jours,

Ensuite le fossoyeur a vomi

Nous avons défilé en rang serré

En chantant en coeur les moustiques qui

dorment dans nos oreilles,

Notre allure qui séduit les adolescentes,

Nos masturbations répétées,

Dans la grosse barrique au nom de vie.

Traduit par Catherine Farhi et Jean-Charles Depaule.